Influencés par l’approche de Jeff Noon dans Cobralingus, les textes ont été déformés, remaniés et reconstitués pour créer quelque chose de nouveau. En fusionnant ainsi la légende de La Femme Sauvage avec le passé industriel de la vallée, celui-ci se retrouve au cœur du récit et le texte en est complètement transformé.
Le parcours accorde une place importante aux frontières, qui sont au cœur du folklore qui entoure la légende de La Femme Sauvage : frontières entre notre monde et le monde souterrain, entre l’humain et l’animal, entre la civilisation et la vie sauvage, entre les damnés et les sauvés. Certaines frontières sont déjà présentes dans les mythes locaux, comme celui de la Pierre de Cron, sous laquelle La Femme Sauvage s’est étendue, se laissant entraîner dans les enfers. D’autres sont générés par le processus aléatoire utilisé pour l’écriture : celui-ci crée une tension où l’écrivain n’a pas le contrôle total de la forme finale des histoires et la structure du texte, se trouvant constamment à la frontière entre lisibilité et chaos.
La musique quant à elle, laisse percevoir des accords “en suspens”, qui ne se terminent jamais vraiment, créant une tension, une incertitude quant aux émotions transmises.Les accords se jouent en séquence mais également seuls, chacun débordant presque sur le prochain, chacun constituant une transition vers un nouvel état de perception. Tout cela se produit en parallèle d’une ambiance mouvante et chatoyante en arrière-plan, faîte de sons majoritairement enregistrés sur site. Ces derniers sont façonnés afin d’évoquer un sentiment de vie, de montrer l’âme du lieu, mais aussi les histoires cachées derrières les rochers et les arbres, sous les maisons, enterrées dans les mines et dans la terre elle-même.
La conception sonore n’est pas destinée à servir de bruits de fond pour la narration, mais à compléter, contraster, et, par endroits, entrer en conflit avec les histoires. En se promenant d’un endroit à l’autre de Lasauvage, les environnements sonores offerts à l’écoute font ressortir des aspects spécifiques des lieux et les entremêlent avec l’écriture. Cette approche a permis d’extraire des éléments qui connectent pleinement l’auditeur aux mots et à la terre, suggérant parfois des choses cachées juste au-delà des limites de la perception immédiate et de la conscience. Écoutés au casque, les sons créent une expérience incroyablement proche du lieu, tout en connectant l’auditeur à un personnage caché qui n’est pas facilement visible à la surface de Lasauvage.